de la brebis sommaire

Nous naviguions depuis bien longtemps lorsque nous vîmes une terre haute et lumineuse où nous accostâmes. Au centre se dressait un arbre blanc comme le marbre qui s’élevait plus haut que les nuages. Ses branches étaient toutes couvertes d’oiseaux blancs. Jamais je n’en vis d’aussi beaux.

On raconte qu’en Orient existe un bel arbre verdoyant. Sur sa dextre habite les colombes et elles ne s’écartent jamais de l’ombre de cet arbre car, dans les environs habite un dragon ennemi des colombes qui les dévorerait si elles s’en écartaient. Il ne peut atteindre celles qui se trouvent sur l’arbre car l’ombre du paradision le ferait mourir. L’arbre de vie, c’est Dieu, le père omnipotent, le fruit c’est Jésus-Christ, l’ombre, c’est le Saint-Esprit. 

Mais ces oiseaux, aussi immaculés que les colombes, étaient des caladres. Le caladre est un oiseau merveilleux. En lui, il n'y a aucune trace de noir. Il est écrit dans l'un des cinq livres de Moïse que l'on appelle le Deutéronome, que l'on ne doit pas manger la chair du caladre. Et voici pourquoi : quand un homme est gravement malade et que l'on désespère de le sauver, on va chercher cet oiseau : si l'homme doit recouvrer la santé et guérir de sa maladie, l'oiseau tourne le visage vers lui et attire à lui la maladie; mais si l'homme ne doit pas recouvrer la santé, l'oiseau se tourne de l'autre côté et ne prêtera pas la moindre attention à lui.

Je m'assis sur une souche d'arbre et sortis de ma profonde poche un morceau de parchemin presque transparent d'avoir été gratté et regratté. Avec un morceau de charbon, je me mis à dessiner ces caladres et songeai : par cette aventure merveilleuse, Dieu a-t-il voulu nous signifier quelque chose ? Serait-il possible que cet arbre, enraciné profondément dans la terre grasse de l'île et dont la couronne frôle les nuages, représente Notre Seigneur Jésus-Christ qui est descendu du ciel pour s'incarner en homme. Comme un pilier ou un pont vertical qui nous permettrait d'atteindre le ciel. L'arbre, c'est Jésus-Christ, mais aussi l'arbre de la connaissance, connaissance de la vérité sans laquelle nous ne pourrions jamais aborder au Paradis. Et ces oiseaux, si blancs et si purs, si familiers aussi nous montrent le chemin. Ames pénitentes, comme nous le sommes tous sur terre, mais qui n'ont fauté que par ignorance et non par méchanceté. Plus près de Dieu que nous, puisque leurs ailes leur permettent de voler plus haut, ces anges nous montrent le chemin et, comme les caladres nous déchargent de nos péchés pour nous permettre de suivre notre chemin dans la bonne voie.