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La chute du vent consterna tous les moines, sur quoi l'abbé, dont le courage ne faisait jamais défaut, se mit à les exhorter : « Mettez-vous sous la protection de Dieu, et que nul d'entre vous ne s'effraie ! Tant que le vent est avec vous, profitez-en; quand le vent ne souffle plus, alors prenez les rames ! » Ils se mettent donc aux avirons. Ils implorent avec ferveur la grâce de Dieu, car ils ne savent vers où diriger le bateau, ni quels cordages haler, ni dans quelle direction gouverner, ni comment se guider, ni sur quel point mettre le cap. A la rame, sans vent, tous les moines naviguèrent, un mois tout entier, sans se plaindre. Tant que leurs provisions durent, ils se donnent beaucoup de peine sans faiblir. Mais à mesure que la nourriture s'épuise, la force leur manque, ce qui les effraie beaucoup.
Dieu est toujours prêt à aider ses fidèles lorsqu'ils sont dans le plus grand besoin; par conséquent on ne devrait jamais manquer de foi. Que celui qui s'engage dans un voyage pour Dieu fasse son possible; le reste, Dieu y pourvoira, selon son besoin. Les moines aperçoivent une grande étendue de terre élevée. Le vent les pousse sans faiblir, et mène jusqu'au rivage ceux qui avaient ramé à grand-peine, sans qu'ils se fatiguent davantage. Mais ils ne trouvèrent aucun endroit propice à l'amarrage de leur bateau, car les rochers étaient si serrés qu'aucun d'entre eux n'osait y pénétrer. Les montagnes s'élèvent, hautes, dans le ciel et s'avancent loin en surplomb au-dessus de la mer. Des profondeurs sous-marines, les eaux remontent en tourbillon, ce qui rend tout passage périlleux. |
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Dunc s'esmaient tuit li frere
Cum lur avient li granz busuinz,
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