L'ordre de saint Ailbe

I

Quand ils eurent chanté l'office de l'heure canoniale, et que la cloche eut sonné, l'abbé du lieu accompagna les visiteurs dehors. Il les renseigne sur sa communauté et l'endroit où ils se trouvent. Il explique qui ils sont, comment ils sont venus, depuis quand ils sont là, qui les approvisionne et par quels moyens : « Nous sommes vingt-quatre qui habitons ce lieu saint. Le pèlerin saint Ailbe est mort il y a quatre-vingts ans. C'était un homme très puissant et qui possédait de nombreux fiefs, mais il abandonna tout pour se retirer du monde et venir ici. Lorsqu'il se fit solitaire, un messager de Dieu lui apparut et l'amena ici. Il trouva un lieu tout prêt, ce monastère qui existe toujours. Quand nous entendîmes dire que le pieux Ailbe vivait dans cette île, de divers endroits nous nous réunîmes ici, avec l'aide de Dieu, pour le grand amour que nous lui portions. Nous le servîmes sa vie durant, et lui obéîmes comme à notre abbé.


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Quant l'eschele fud sonee,
Puis que l'ure fud chantee,
L'abes del leu fors les meinet.
D'els e del leu lur enseignet:
Qui sunt, cument, des quant i sunt,
De qui, par qui succurs unt:
'Nus sumes ci vint e .iiii.;
Ci conversum en cest atre.
Uitante anz ad que prist sa fin
A saint Albeu li pelerin.
Riches hom fud de mult grant fiu,
Mais tut guerpit pur cest leu.
Quant alat en tapinage,
Apparut lui Deu message
Qui l'amenat; trovat leu prest:
Icest muster que uncore i est.
Quant oïmes en plusurs leus
Que ci maneit Albeus li pius,
Par Deu ci nus asemblames
Pur lui que nus mult amames.
Tant cum vesquit, lui servimes,
Cume a abét obeïmes.