La baleine revisitée

I

Ils se remirent en route et poursuivirent leur voyage jusqu'au Jeudi Saint. Le père abbé Brendan revint à la même île qu'il avait visitée l'année précédente. Voilà qu'ils retrouvèrent leur hôte, le vieillard aux cheveux blancs, qui venait de leur dresser un pavillon au port. Il invita ceux qui étaient fatigués à prendre un bain, et leur fit préparer des vêtements de rechange. Ils commémorèrent la Cène et le lavement des pieds selon les préceptes de l'Écriture Sainte, et ils restent sur l'île jusqu'au troisième jour. Le samedi, ils repartent en bateau et arrivent sur la baleine. « Accostons », leur dit l'abbé, et les moines de retrouver leur marmite qu'ils avaient perdue l'année précédente. La baleine l'avait gardée sur son dos, et ils la récupérèrent. Cette fois-ci, ils s'aventurent sur son dos avec plus d'assurance, et y célèbrent une fête splendide. Elle dura toute la nuit, jusqu'au lendemain matin. Ils célèbrent le jour de Pâques, mais n'oublient pas l'heure qui avait été fixée pour leur départ : ils ne s'attardent pas au-delà de midi, et rechargent leur bateau.




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Par mer d'ileoc se sunt tolud,
Desque al jusdi vint absolud;
Dunc repairat peres Brandan
En la terre u fud l'altre an.
Ast lur hoste, le veil chanud:
Al port lur ad un tref tendud;
Bainéd i ad les travailez,
E nuveals dras apareilez.
Funt la ceine e lur mandét
Cum en escrit est cumandét.
E sunt ileoc desque al .iii. di.
Turnerent s'en al samadi
E vunt siglant sur le peisun.
L'abes lur dist: 'Fors eisum !'
Lur caldere qu'il perdirent
En l'an devant, or la virent;
Li jacoines l'ad gwardee,
Or l'unt sur lui retruvee.
Plus asoür sur lui estunt,
E lur feste bele i funt.
Tute la nuit desque al matin
De festïer ne firent fin.
Le di paschur celebrïent;
De lur hure ne s'ublïent:
Plus de midi ne targerent,
Mais dunc lur nef rechargerent.