Peines et trêves de Judas

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Puisque je suis mort sans confession, je suis damné pour l'éternité. Tu ne vois rien du supplice que je souffre en Enfer; en ce moment je jouis d'un répit dans mes peines. On m'accorde ce repos le samedi soir, et je l'ai toute la journée du dimanche jusqu'au soir. La quinzaine de Noël aussi, je bénéficie d'une trêve dans mes grandes souffrances, et aux fêtes de la Vierge je n'ai pas à subir les plus grandes d'entre les peines qui me sont réservées; à Pâques et à la Pentecôte également, je ne souffre pas plus que vous voyez en ce moment, mais pendant toutes les autres fêtes de l'année mes tourments se déroulent sans interruption. Dimanche soir, quand je pars d'ici, mes peines se renouvelleront. »


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E quant confés ne me rendi,
Dampnez sui de di en di.
Tu ne veiz rien de ma peine
Que enz enfern jo demeine;
Cist est repos de mun peril,
Que al samadi prenc al seril.
Diemaine trestut le jurn
Desque al vespere ai tel sujurn,
E del Noël la quinzeine
Ici deport ma grant peine;
E as festes la Marie
Mes granz peines n'i ai dunc mie;
Pasches e a Pentecoste
Fors tant cum veiz n'i ai plus custe;
A feste altre en trestut l'an
N'ai entrebat de mun ahan,
Diemaine al serir
D'ici m'en voi pur asperir.'