Accès au Paradis

XL

Enfin, le Roi divin leur permet d'approcher du rideau de brouillard qui cerne de toutes parts le Paradis dont Adam avait été seigneur. Les gros nuages obscurcissent tout, de sorte que les héritiers d'Adam n'ont plus aucun recours : l'énorme rideau de brouillard empêche de voir à tel point que celui qui le pénètre est complètement aveuglé à moins que Dieu ne lui fournisse une vision qui lui permette de traverser le brouillard. Alors l'hôte déclara : « Il n'y a pas de temps à perdre; mettez toutes voiles dehors ! » A mesure qu'ils approchent, le nuage se déchire et leur ouvre un passage étroit. Ils s'aventurent à travers le brouillard, et leur chemin s'élargit. Flanqués de part et d'autres d'énormes murailles de brouillard dense, qui s'accumule à droite et à gauche, ils mettent toute leur confiance dans leur hôte. Pendant trois jours, ils font voile en ligne droite, suivant le chemin qui s'est ouvert pour eux. Le quatrième jour, à la grande joie des pèlerins, ils sortent du nuage. Laissant le brouillard derrière eux, ils arrivent en vue du Paradis [carte-7].


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E par l'otreid del rei divin
Or aprisment vers le calin
Qui tut aclot le paraïs
Dunt Adam fud poëstis.
Nües grandes tenerge funt,
Que li sun eir return n'i unt:
Li granz calins tant aorbet,
Qui i entret, tuz asorbet,
Si de Deu n'at la veüe
Qui poust passer cele nue.
Dunc dist l'ostes: 'Ne i targez,
Mais la sigle de vent chargez !'
Cum aprisment, part la nue
A l'espace d'une rue.
Cil se metent enz el calin
E parmi unt grant chemin.
Mult se fïent en lur hoste
Pur la nue q'unt en coste:
Grant est forment e serree,
De ambes parz est amassee.
Treis jurz curent tut a dreit curs
Par le chemin que lur est surs.
El quart issent de cel calin;
Forment sunt léd li pelerin.
De la nue eisut s'en sunt
E paraïs bien choisit unt.