Émerveillé, l'abbé prie Dieu, son conseiller, de lui faire comprendre dans quel genre de lieu il est arrivé, ce que signifient ce spectacle et ce grand nombre d'oiseaux; que le Seigneur par sa puissance veuille bien l'en instruire ! Quand Brendan eut fini sa prière, l'un des oiseaux descendit. Le bruit de ses ailes était doux comme le tintement d'une clochette.

Après que l'oiseau se fut posé sur le bateau, Brendan courtoisement et gentiment lui adressa la parole : « Si tu es une créature de Dieu, écoute ce que je vais te dire. Tout d'abord, dis-moi qui tu es, ce que signifie votre présence ici, toi et tous les autres oiseaux qui me semblez si beaux. » L'oiseau répond : « Nous sommes des anges qui habitions autrefois au ciel. De si haut, nous sommes tombés si bas en compagnie du misérable Orgueilleux qui s'est révolté par superbe et s'est rebellé contre son seigneur qu'il trahit. Il a été désigné comme notre maître et chargé de nous nourrir de la puissance divine. Comme il était de grande science, nous étions contraints de l'accepter comme maître. Par orgueil il est devenu un méchant traître et s'est montré dédaigneux des paroles de Dieu, après quoi nous avons continué à la servir et à lui obéir comme auparavant. Voilà pourquoi nous avons été déshérités, et chassés du royaume de la vérité. Comme nous n'étions pas nous-mêmes coupables, le Tout-Puissant nous a accordé ce répit : nous ne subissons pas les mêmes châtiments que ceux qui ont partagé sa conduite orgueilleuse. Notre seule punition est d'être privés de la majesté de Dieu, de ne pas être admis en présence de sa gloire et de ne pas pouvoir en jouir. Cet endroit, dont tu demandais le nom, s'appelle le Paradis des Oiseaux [carte-3]. » Il poursuivit : « Voici un an que vous souffrez les épreuves de la mer. Il vous reste encore six ans de voyage avant d'atteindre le Paradis. Vous allez errer d'un côté de l'océan à l'autre en supportant bien des peines et des souffrances, et chaque année vous reviendrez célébrer la fête de Pâques sur la baleine. »