Sur ce, il prit congé et partit, mais le troisième jour il revint. Régulièrement, deux fois par semaine, il rendait visite aux moines et à leur abbé. Ils firent tout ce qu'il leur disait, et s'en remettaient à son jugement en tout et pour tout. Quand vient l'heure du départ, ils se mettent à recouvrir leur bateau de cuirs de bœufs nouvellement cousus pour le rendre étanche, car les peaux qui ont servi jusqu'ici sont complètement usées. Ils en ont suffisamment de rechange pour que leur bateau soit en état de naviguer. Ils se ravitaillent en tout afin de ne pas périr faute de provisions. Leur messager leur apporte nourriture et boisson à satiété. Il a tout calculé pour huit mois entiers; le bateau ne peut supporter plus de poids. Tous s'embrassent, les moines prennent congé de lui et repartent. Le messager, ému jusqu'aux larmes, leur indiqua dans quelle direction mettre le cap. L'oiseau, perché sur le mât, donna à Brendan l'ordre du départ.

Il explique qu'il lui reste un très grand parcours à faire et qu'il a encore beaucoup à souffrir : il devra attendre huit longs mois avant de pouvoir accoster à l'île d'Ailbe [carte-4] à Noël. Quand l'oiseau cesse de parler,  Brendan n'attend plus : la nef gagne le large, le vent en poupe.