Quand ils eurent chanté l'office de l'heure canoniale, et que la cloche eut sonné, l'abbé du lieu accompagna les visiteurs dehors. Il les renseigne sur sa communauté et l'endroit où ils se trouvent. Il explique qui ils sont, comment ils sont venus, depuis quand ils sont là, qui les approvisionne et par quels moyens : « Nous sommes vingt-quatre qui habitons ce lieu saint. Le pèlerin saint Ailbe est mort il y a quatre-vingts ans. C'était un homme très puissant et qui possédait de nombreux fiefs, mais il abandonna tout pour se retirer du monde et venir ici. Lorsqu'il se fit solitaire, un messager de Dieu lui apparut et l'amena ici. Il trouva un lieu tout prêt, ce monastère qui existe toujours. Quand nous entendîmes dire que le pieux Ailbe vivait dans cette île, de divers endroits nous nous réunîmes ici, avec l'aide de Dieu, pour le grand amour que nous lui portions. Nous le servîmes sa vie durant, et lui obéîmes comme à notre abbé.