Brendan emmène ses moines, armés de sa bénédiction, et ils reprennent le voyage. Ils virent se dresser dans la mer une butte qui ressemblait à un roc; et c'en était un en effet, mais les moines ne voulaient pas croire leurs yeux. Puis l'abbé dit : « N'hésitons pas ! Hâtons-nous d'aller découvrir ce que c'est. » Ils y arrivèrent et trouvèrent ce qu'ils ne s'attendaient guère à voir : un homme nu assis sur le rocher, un homme en perdition, tiraillé, lacéré, déchiré. Le visage enveloppé d'un morceau d'étoffe, il s'accrochait à un pilier. Il se cramponnait au rocher pour empêcher que les vagues ne le renversent en arrière. Les vagues le fouettent et lui font souffrir une mort sans fin. Une vague le heurte et il faillit couler; une autre vient le frapper par derrière et le repousse plus haut. Péril devant, péril en haut, péril derrière, péril en bas; un grand supplice à droite et un supplice non moindre à gauche. Exténué par les assauts des vagues, il se lamente sur son sort.