« Le lundi, nuit et jour, je suis mis à tournoyer sur la roue, et, accroché à l'intérieur, malheureux que je suis, je tourne aussi rapidement que souffle le vent. C'est le vent qui entraîne la roue partout à travers le ciel : je suis constamment ballotté, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. « Puis le lendemain,  abasourdi, j'en suis précipité, et je vole au-dessus de la mer pour retomber dans le deuxième Enfer où il y a tant de supplices. Là je suis vite mis dans les fers sous les huées des diables; on me couche à plat sur des tiges de fer pointues, et me fait rouer de coups, d'objets lourds et de rochers. Là je suis si souvent embroché que vous m'en voyez le corps tout criblé de trous. Le mercredi je suis violemment rejeté en haut, où on me varie les peines : pour une grande partie de la journée, je bous dans la poix qui me noircit tel que vous me voyez maintenant; j'en suis retiré ensuite et mis à rôtir, lié à un poteau entre deux feux. Le poteau de fer est planté là à mon intention, pas pour autre chose. Il est aussi rouge que s'il était resté dix ans dans un feu constamment avivé au soufflet. Et à cause de la poix, le feu prend sur tout mon corps pour augmenter mon supplice; puis je suis de nouveau précipité dans la poix, dont je suis enduit pour mieux brûler. Il n'est pas de marbre assez dur qui ne fonde une fois mis dans ce feu, mais moi, je suis fait exprès pour ce tourment, car mon corps ne peut en aucune façon périr. Toute une journée et une nuit je subis ce supplice, quel que soit le tourment que je souffre.