Les moines retournent voir leur hôte sous un ciel chargé de nuages très noirs. Même en naviguant droit devant eux, il leur faut beaucoup de temps avant d'arriver, et le jeudi de la Cène ils accostent à grand-peine. Ils restent là, comme par le passé, jusqu'au jour prévu pour leur départ. Samedi ils arrivent sur la baleine : ils célèbrent la fête comme les années précédentes, sachant que maintenant le poisson les sert depuis sept ans. Ils chantent les louanges de Dieu; grâce à sa puissance assurée, ils sont sains et saufs. Le lendemain ils profitent du vent propice pour repartir. Ils mettent le cap directement sur l'île aux Oiseaux, où ils demeureront deux mois. Ils y passent le temps en réjouissances, en attendant l'arrivée du bon hôte qui leur servira de guide sûr; il les accompagnera dans le voyage tout à fait splendide qu'ils vont faire. Sachant que le parcours sera long, l'hôte prépare tout ce dont ils auront besoin. Il sait tout ce qu'il leur faut, et par conséquent les approvisionne en tout ce qu'il peut trouver.

Brendan et ses moines prennent le large en compagnie de leur hôte; ils ne reviendront plus jamais. Ils mettent le cap sur l'est. Il n'est pas question de faire fausse route, car il se trouve à bord quelqu'un qui sait les guider là où il faut, et qui leur inspire la joie et la réjouissance. Ils poursuivent ainsi leur chemin en haute met sans interruption aucune pendant quarante jours, sans voir autre chose que la mer et le ciel au-dessus de leur tête.