Géographie mystique, d'après
Le Livre de la propriété des choses
Barthélémy l'Anglais
(XVe siècle) Paris, BnF

Pour comprendre le monde au Moyen Age, il faut oublier notre propre conception de l'espace. Nous vivons sur une terre plate tout en la visualisant comme une sphère ronde. Nous pouvons la percevoir de l'extérieur comme un observateur. Pour l'homme médiéval, la Terre est une notion à la fois concrète et spirituelle. Concrète puisqu'il y vit et qu'il la travaille et spirituelle puisqu'elle est cet endroit, entre le Ciel et l'Enfer où il doit travailler, mériter le Ciel et éviter l'Enfer. Tout est signe qui lui est destiné : comète, orage, tremblement de terre, pluie torrentielle et sécheresse. La Terre est le centre de l'Univers et l'homme est sa raison d'être.

La dislocation de l’Empire romain fait tomber dans l’oubli les connaissances géographiques développées durant les 8 siècles précédents. De l’an 300 jusqu’à l’an 1300, elles sont non seulement perdues mais proscrites, surtout chez les gens d’église qui reviennent à une conception du monde plus symbolique et mystique que réelle. La représentation du monde est celle de la Bible. La Terre est plate, ronde et, puisque Noé avait eu trois fils, divisée en trois continents : l'Europe, l'Asie et l'Afrique, qui correspondent aux trois religions connues : « la vraie », celle des Chrétiens, « la fausse », celle des Musulmans et « celle qui a pris le mauvais chemin », la religion juive. Il s'agira donc de voyager pour reconquérir Jérusalem et convertir les pécheurs.