Ils trouvèrent peu après une terre hospitalière et s'y reposèrent en attendant un vent favorable. Lorsqu'ils s'embarquèrent, un deuxième péril vint menacer les marins. Vomissant des flammes, un griffon jaillit du ciel pour s'abattre sur eux, les griffes tendues pour les saisir, la gueule en feu, les pattes tranchantes. La violence de son attaque et le vent qu'il souleva auraient suffi, ou peu s'en eût fallu, pour faire chavirer le bateau. Comme le griffon les poursuivait, un dragon surgit, crachant des flammes, les ailes déployées et le cou tendu en avant. Il se précipita sur le griffon et le combat aérien s'engagea : coups, jets de flammes, morsures et chocs. Le ciel retentit de leurs exploits. Le griffon était énorme, le dragon plus mince et plus féroce. Le griffon fut vaincu et tomba dans la mer. Les frères, qui l'avaient pris en horreur, se sentirent vengés. Victorieux, le dragon s'éloigna et les moines rendirent grâces à Dieu. Ils continuèrent leur route sûrs d'être dans la main de Dieu.